L'éolien offshore, une opportunité pour notre territoire
Le développement de l’énergie éolienne en France s’inscrit dans la continuité des engagements de l'Etat. Issu du Grenelle, le plan national de développement des énergies renouvelables prévoit l’installation d’une puissance éolienne globale de 25 GW d’ici à 2020 (19 GW terrestres et 6 GW offshore). Le parc de production éolien en exploitation à fin décembre 2012 atteint 7449 MW. L’énergie produite par le parc éolien a progressé de 23% par rapport à 2011, pour atteindre 14,9 TWh. Cependant, avec seulement 757 MW raccordés en 2012, c'est une année noire pour l’éolien. L’objectif de 10% du mix électrique d’origine éolienne en 2020 contre 3% aujourd'hui doit se matérialiser par des prises de décisions fortes.
Le développement de parcs éolien en mer est un moyen très intéressant pour renforcer le développement des énergies renouvelables. Les vents étant plus forts et plus réguliers en mer, il convient aujourd'hui de tirer parti des atouts du littoral : 11 millions de km2, l’outre mer inclus, sont placés sous juridiction française. Selon l’Ademe, la puissance éolienne pouvant théoriquement être installée avoisine les 30 GW.
Cependant aucun parc éolien maritime n’est actuellement en activité, malgré la sélection du site de Veulettes-sur-mer (Seine-Maritime) par l'Etat en 2004 pour installer des éoliennes au large. L'Etat a décidé en 2011 de rattraper son retard dans ce domaine par rapport à ses voisins britannique et allemand . En France, le déploiement de 6 GW d’ici à 2020 doit se dérouler en deux temps, à travers deux appels d'offre de 3 GW chacun. Le premier d'entre eux a été lancé en juillet 2011. Il porte sur l’installation de près de 500 à 600 éoliennes réparties entre cinq parcs en France métropolitaine (capacité installée globale de 3 GW) : Saint-Nazaire, Saint-Brieuc, Courseules-sur-Mer, Fécamp, Le Tréport. Un second appel a été lancé en avril 2012.
Chacun salue cet engagement de la France en faveur des énergies renouvelables. Pour autant, nous considérons que cet effort n'est pas à la mesure des enjeux. Le réchauffement climatique comme la déplétion des matières premières nous imposent de revoir totalement notre modèle énergétique. Il est urgent pour la Haute-Normandie de se hisser aux avant-postes de la transition énergétique afin de garantir à tous le service énergétique auquel chacun a droit.
Pour un projet énergétique haut normand à la hauteur des enjeux sociaux et des capacités industriels de notre région
La filière éolienne française, lancée après celle de l’Allemagne et du Danemark, pays précurseurs, peine à rattraper son retard notamment dans la fabrication de composants d’éoliennes. Néanmoins les entreprises du secteur se renforcent en France. Des composants de toutes sortes sont fournis par des sous-traitants français (mâts, génératrices, freins, système d’orientation, composants électriques, électronique de puissance etc) . Plus de 300 entreprises ont déjà été identifiées comme sous-traitants actifs (170) ou potentiels (150) de l’industrie éolienne selon la FEE.
La Haute-Normandie qui dispose d'un des littoraux les plus favorables au développement des énergies marines ne saurait rester en dehors de cette dynamique. Mais cela ne peut se faire à n'importe quel prix économique et social. Si l'éolien maritime doit se développer sur nos côtes, il est nécessaire que cela se fasse au profit de l'emploi local en offrant des possibilités de reconversion à des industries touchées directement ou indirectement par la déplétion pétrolière.
La Haute-Normandie doit faire le pari des industries d'avenir promises à un développement européen. L'ère du raffinage et du nucléaire touche à sa fin. C'est du côté des EnR que se situent les gisements d'emplois et de compétences les plus durables.
Ainsi la région ne saurait se contenter des missions et d'installation et de maintenance des parcs éoliens en mer. Il est nécessaire d'envisager dès aujourd'hui que la Basse-Seine devienne un pôle d'excellence éolien à l'échelle européenne. Notre littoral n'est pas la seule zone propice au développement des énergies marines. Les côtes du Royaume-Uni et toute la Mer du Nord offrent un potentiel éolien considérable dont l'Europe a besoin pour assurer une sortie rapide et définitive du nucléaire.
Voilà pourquoi nous considérons qu'il conviendrait qu'Alstom tout comme Areva fasse le choix de localiser des activités industrielles en Haute-Normandie. C'est un enjeu fondamental de développement local. Trop longtemps la Haute-Normandie a été cantonnée au simple rôle de fournisseur d'énergie pour d'autres territoires. Il convient de rompre avec cette logique au XXIe siècle. Notre région doit enfin disposer d'une filière énergétique complète.
Les talents et les atouts existent ici pour que non seulement de l'énergie soit produite mais que des équipements et des installations de production d'énergie soient réalisées sur notre territoire.
Pour un projet exemplaire sur le plan environnemental qui garantisse la renaturation d'un littoral abimé par un siècle d'industrialisation polluante
L'expérience européenne prouve que le développement des parcs éoliens en mer peut se faire rapidement et de manière concertée. Aujourd'hui le Royaume-Uni dispose déjà d'une puissance installée de 3 GW et vise 18 GW en 2020. Mais un tel effort ne peut se faire sans le souci de l'environnement et la mise en œuvre de mesures compensatoires à la mesure de l'impact du parc éolien sur le milieu marin.
Il est surprenant que le maitre d'ouvrage ait choisi une zone classée pour installer le parc. Quelques soient les efforts de WPD pour limiter au maximum l'impact de l'installation et de l'exploitation des éoliennes, n'aurait il pas mieux valu choisir un secteur non classé ?
Nous craignions que cette localisation crée un précédent préjudiciable à la nécessaire protection du milieu marin littoral. L'environnement n'est pas une simple étendue où peuvent être développés n'importe comment n'importe quels projets.
Le littoral haut-normand a déjà assez souffert. Le maitre d'ouvrage doit prendre la mesure de cet enjeu et présenter à l'occasion de ce débat public l'étude d'impact prévue par l'article R 122-2 du code de l'environnement . La présentation de ces éléments est pour nous un élément clef de l'acceptabilité environnementale du projet. Le soutien du consortium à l'Agence des aires marine protégées ne saurait tenir lieu de caution écologiste.
Ce n'est qu'en toute connaissance de cause que les propositions de WPD pourront être débattues dans le cadre d'une authentique concertation publique associant non seulement les élus et les professionnels de la mer mais aussi les associations de protection de la nature et de l'environnement et toute personne intéressée par la sauvegarde du littoral .
La nécessité énergétique est une chose, la sauvegarde de l'environnement en est une autre. C'est pour cela qu'il convient de réclamer que le maitre d'ouvrage présente clairement les mesures adaptées qu'il entend réaliser pour éviter, réduire et compenser les impacts négatifs du projet sur l'environnement.
Nous proposons que le consortium, s'il donne suite au projet, s'engage à soutenir des actions de renaturation du littoral haut-normand. C'est un enjeu essentiel pour notre territoire. Un siècle de surpêche, d'aménagements littoraux et portuaires, de rejets toxiques en mer et la présence de deux centrales nucléaires a terriblement abimé notre mer et nos côtes.
Par égard pour la Nature et dans l'intérêt des activités locales, il est nécessaire que les nouveaux projets industriels s'accompagnent de mesures claires en faveur de l'environnement. Il ne saurait y avoir de transition énergétique sans exemplarité environnementale
Pour un littoral actif et non pas radioactif
Dans la mesure où le parc éolien au large de Fécamp est une opportunité pour l'emploi et l'industrie en Haute-Normandie et en espérant que le maitre d'ouvrage soit sensible à l'exemplarité environnementale de son projet, le Collectif STOP-EPR ni à Penly ni ailleurs ne saurait s'opposer à un tel projet. Pour autant nous tenons à exprimer les plus vives réserves sur la stratégie du groupe EDF. Il existe une contradiction flagrante entre le souci de développer les énergies renouvelables et le choix du nucléaire. Nous attendons du premier groupe énergétique français qu'il fasse pleinement le choix de la transition énergétique et renonce à un mode de production cher, inutile et dangereux.
La nouvelle majorité présidentielle issue des élections du printemps 2012 s'est engagée à baisser la part du nucléaire de 75% à 50% de la production d'électricité. Cet objectif est modeste mais a le mérite d'exister. Reste à savoir comment l'atteindre. EDF doit donc réduire la part de la production nucléaire et augmenter fortement la production d'origine renouvelable, afin que le pari de la transition soit tenu. EDF doit continuer et renforcer sa reconversion dans les énergies renouvelables et la mise en place de moyens de stockage permettant de réguler cette production. L'urgence n'est en aucun cas d'accroître la production d'énergie et a fortiori d'électricité mais de la réduire. C'est l’engagement international de la France. Il ne peut donc être esquivé.
Bien au contraire notre objectif commun face au réchauffement climatique, le Facteur 4, nous impose non seulement de réduire nos consommations mais de baisser les productions. On ne peut donc concevoir l'éolien comme une énergie nouvelle qui remplacerait le nucléaire.
Il conviendrait dès lors qu'EDF, et son actionnaire principal l’état français, admettent cette orientation politique et reconnaissent la nécessité de revoir la stratégie de l’entreprise. Si ce groupe veut devenir un champion mondial de la transition, il devrait s'engager dans un premier temps à fermer des réacteurs nucléaires à mesure que de nouveaux moyens de production renouvelables sont installés, puis soutenir la baisse des consommations grâce aux économies réalisées avec l'arrêt des centrales.
Concrètement cela signifie ici en Haute-Normandie qu'EDF s'engage à arrêter une puissance nucléaire proportionnelle à la production éolienne marine et terrestre qui sera réalisée d'ici 2020. Nous pensons en particulier à la première tranche de la centrale de Paluel qui est exploitée depuis 30 ans.
Nous sommes favorables à l'éolien maritime si et seulement si il s'inscrit dans une stratégie de transition énergétique. Si l'objectif d'EDF n'est que de disposer de moyens de production supplémentaires, le projet de parc éolien au large de Fécamp n'est pas écologiquement acceptable.